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SI ON DÉMYSTIFIAIT LE CRISE D’ADOLESCENCE?

SI ON DÉMYSTIFIAIT LE CRISE D’ADOLESCENCE?

Hervé Kurower - Actualités - Mardi 13 Avril 2021

LA CRISE D’ADOLESCENCE

Mythe ou réalité?

Plus qu’un concept, la crise d’adolescence est devenue un précepte.
L’incontournable crise d’adolescence, l’inévitable, la fatale «crise d’ado»...
Votre ado pose problème? C’est la crise d’adolescence!
Votre ado ne respecte rien? Quoi de plus normal... C’est la crise d’adolescence!
Votre ado est en refus d’autorité? Bien sûr... C’est la crise d’adolescence!
Il travaille mal à l’école? C’est la crise d’adolescence!
Cet anathème récurrent et sentencieux ne nous avance finalement guère.

Existe-t-il un  traitement, une médication, une pilule soignant cette prétendue crise?

Pas à ma connaissance.

Par conséquent et pour en démystifier le sens, je pense que la crise d’adolescence n’existe pas, qu’il s’agit là d’un fond de commerce marketing pour vendre des livres depuis des décennies.

Bien sûr, on nous parle de poussées hormonales, de transformations physiques, de mutation physiologique. On nous serine que l’ado serait inévitablement en rébellion, qu’il défierait l’autorité, qu’il transgresserait, qu’il expérimenterait des substances culturellement actées (alcool) et d’autres illicites (cannabis, autres drogues...).

Que cela est bien normal, qu’il s’agit là de ... la crise d’adolescence.

Je m’inscris en faux contre ce diktat, cet anathème, cette sempiternelle rengaine.

Une crise financière, une crise de jalousie, une crise de nerfs, une crise de foie, une crise de couple... La crise n’est elle pas par essence soudaine? N’y a t il pas une notion de rapidité, de surprise, d’immédiateté? 

Intéressons nous à l’étymologie du mot «crise». En effet la racine latine «crisis» signifie manifestation violente, brutale d’une maladie et venant du grec: jugement, décision. 

Il y a donc aussi une notion de brièveté, de soudaineté, de surprise.

Cela va complètement à l’inverse de la durée, d’une lente métamorphose, d’une mutation...qui dure dix ans! Cent vingt mois, trois mille six cent cinquante jours environ,.

Ce sont les conséquences d’une nécessité éducative ou de leur manque de cadre qui s’inscrivent dans le temps; c’est l’effet papillon et/ou boule de neige de carences éducatives sur le moyen et long terme qui mènent à une situation conflictuelle avec les enfants et adolescents.

Le krach boursier de 1929 dont les conséquences nous emmènent à l’aube de la seconde guerre mondiale (dix ans) ou les Sub primes et leurs répercutions  de 2007 à 2011, soit 4 ans, une crise de nerfs est brusque et soudaine, violente, rapide, les anti dépresseurs ou autres médicaments ne sont que des conséquences une remédiation. Si le jeudi noir du 24 octobre 1929 avait pu être endigué tout comme la crise de 2007 par exemple, il n’y aurait pas eu les conséquences de ces déséquilibres. Tout comme une crise de nerfs maitrisée ne nécessitera pas de traitement sur le long terme.

Finalement, confondre élément déclencheur externe et conséquences est bien pratique. Ranger cela dans le tiroir fourre tout de la crise d’adolescence est bien .. commode!

Il existe une littérature pléthorique sur le sujet. Des milliers de livres ont été édités, d’émissions télé, radio, des conférences, des colloques même!

 Au lieu de parler de crise d’adolescence, on peut tout au plus évoquer une crise d’un adolescent. De la même manière qu’un enfant en bas âge ou un peu plus âgé peut faire une crise, une colère donc. Parle-t-on alors de crise d’enfance ou crise d’adulte si il en s’agit d’un?

La crise d’adolescence n’est-elle pas tout simplement une stratégie marketing pour vendre des livres?

Et pour pousser cette pseudo notion à son paroxysme, il existe même des ouvrages, articles et tirades sur la crise d’adolescence tardive. Il s’agit en réalité d’adultes irresponsables, qui n’ont peut être pas acquis les fondamentaux éducatifs d’autonomie, de respect de goût de l’effort et autres...

Bien évidement et par extension, on nous affuble de crise de la quarantaine, de la cinquantaine par extension.

En général, il s’agit d’adultes tout à fait socialisés qui après une longue période d’ennui, de monotonie et de routine, décident de se libérer de leurs chaines. Aucune crise en soi, juste un vent de liberté intérieure qui souffle.

Pour en revenir au propos initial, les dysfonctionnements éducatifs lors de l’adolescence sont dus, non pas à une étiquette générique, mais à des carences éducatives.

Si on ne définit pas des règles éducatives à la fois précises et souples, cadrantes, rassurantes dès l’enfance, il sera bien entendu encore plus difficile de poser des limites lors de l’adolescence.

Comment apprend-on à être parents ? qui nous donne des cours de parentalité ? Personne, nulle part !

On peut modéliser sa propre éducation, ou bien faire l’inverse si on en n’a pas été satisfait mais dans tous les cas, autres temps , autres moeurs comme on dit. Quid du smartphone, de la console de jeu et autres tablettes, des ordinateurs et des réseaux sociaux avant 1990? De l'itération en point départ, on peut vite se retrouver dans un empirisme stérile, voire contraire aux préceptes éducatifs faute de vecteurs d’apprentissage.

Avec de tels raisonnements, on peut se demander aussi comment on faisait pour rallier Paris à Marseille au début du XIXème siècle? La réponse est évidente: on mettait dix jours au lieu d’une heure en avion! Comment faisait on avant internet et les smartphone pour envoyer une missive aux antipodes? Et bien c’était impossible. Si la distance n’était pas trop importante, on envoyait un pigeon voyageur, puis ensuite il y eu l’invention de la poste, puis l’aéropostale et enfin internet.

Se référer à son propre passé n’est pas forcément la solution, à ses propres carences non plus , alors comment faire?

Afin de restaurer les mécanismes éducatifs, il faut des professionnels de l‘éducatif.

Exit la crise d’adolescence et ... Vive la prise d’adolescence?