L’enfant et l’adolescent ont besoin de vérifier la solidité de leurs référents : les parents.
« Ils m’ont expliqué pourquoi l’école est parfois ennuyeuse et difficile, bien, bien bien…mais, suis je vraiment obligé de travailler alors ? ».

La réponse étant bien évidemment oui, il faut mettre au point un suivi parental. L’ado est demandeur d’encadrement, ça le rassure, il sent qu’il est souverain à l’intérieur de ses limites.

Suivi des devoirs, du cahier de correspondance, rencontre des professeurs, le Conseiller Principal d’Education (CPE), s’assurer que votre enfant rentre à la maison lorsque des inters cours sont trop longs (pour éviter de trainer).

On peut très bien lui expliquer qu’il vaut mieux gérer son temps ainsi, rentrer quand il y a une permanence de 3h et faire ses devoirs au lieu de les faire ce soir à 18h, fatigué,  et pouvoir se détendre à la place (autoriser alors la console de jeu, le film vide cerveau ou le manga dont les onomatopées font office de dialogue). Il faut savoir jongler entre moments de travail et moments de détentes.
Dans les cas les plus difficiles, on peut aussi aménager une fiche de suivi avec les professeurs et/ou le CPE, ou chaque intervenant note sur la fiche, la ponctualité, l’assiduité, le respect, le travail. A faire remplir et signer par  chaque intervenant de la journée et à présenter aux parents le soir. Efficacité garantie.

Attention toutefois à ne pas confondre suivi et intrusion. Il faut veiller à laisser à votre ado des plages de liberté. Lui expliquer que toute cette organisation vise non seulement à le faire progresser scolairement mais aussi à lui octroyer du temps libre pendant lequel il fait ce qu’il veut.

En 2009, j’ai eu l’idée de créer Consult Educ’ et de proposer un service nouveau: des Consultants Educatifs exprimentés et efficaces qui viennent à domicile dans des délais très courts et qui peuvent assurer un suivi « à la carte ».
Depuis, le réseau s’est étoffé sur les deux tiers du territoire.
Je ne prétends pas avoir inventé le métier d’éducateur libéral, mais force est de constater que l’idée a fait son chemin et des sites émergent. Vous pouvez tomber sur des gens qui vous proposent des entretiens Skype pour votre ado et/ou vous. Rien ne vaut le contact humain, le regard, la posture, la poignée de main avec le jeune, la façon de dire bonjour. Nous restons très dubitatifs quant à l’efficacité de ce procédé…si ce n’est que de gagner de l’argent à moindre coût? (pas de frais de déplacement, on peut faire succéder les rendez vous et additionner les euros, l’intervenant reste chez lui au chaud…).

D’autres vous proposent également des « packs ». Par exemple, le prix de 3 mois de suivi sera dégressif par rapport à un mois ou deux. Essaye-t-on de vous vendre des forfaits téléphoniques…??? Sachez qu’il est impossible de prévoir à l’avance le temps nécessaire pour vous aider et régler les problèmes. Parfois, une fois suffit, parfois plus, parfois un suivi régulier s’impose mais est décidé visite après visite.

J’ai relévé aussi quelques sites  dont je tairai le nom ici (pour l’instant), où l’on vous propose des forfaits mails: vous avez droit à 3 questions et 3 réponses pour …30e, 4 questions et 4 réponses pour 35e, etc…
Pire, certains ont même le culot de décompter les longues minutes téléphoniques pendant lesquelles vous vous épenchez sur vos turpitudes familiales en vous demandant… votre numéro de carte bleue!!! 1euro la minute…ARNAQUE!
Est-on sur un site de rencontre? Je pense que ces personnes, que je n’ose qualifier d’éducateurs, sont juste là pour profiter de la détresse des gens.

En définitive, faites bien attention lors du premier contact mail ou téléphonique à ce que l’on vous propose. Nous travaillons sur ce qu’il y a de plus précieux: nos enfants.
Que nous gagnions nos vie en faisant ce métier et en aidant autrui est tout à fait légitime mais pas dans n’inporte quelles conditions.

D’où le titre de cet article…

Bien à vous.

Les causes

L’école c’est une machine à trier :

Exemple de Mickaël 17 ans, en 1ère bac pro électrotechnique.
Déscolarisé : insolences répétées avec les professeurs, ne va plus en cours. Problèmes avec les parents, refus des règles, se lève tard, traîne avec ses copains, fume du shit, etc…

Son parcours : en 3 éme, les notes sont moyennes, le comportement est correct, les deux stages de découverte professionnelle se passent très bien.

Fin de 3éme, orientation, Mickael remplit sa fiche.
Il veut aller en bac pro électronique et numérique. Son premier choix est le lycée qu’il pense être le meilleur et qui est pourtant loin de chez lui, en second choix un autre lycée, en troisième un lycée qui fait CFA, puis en dernier celui qu’il estime être le moins bien.
Il n’a pas fait assez attention au quatrième choix, ce lycée propose électro technique au lieu de électronique et numérique.
Mickael hérite du quatrième choix. Il réalise son erreur à réception du courrier, début juillet.
Bien sûr, plus personne ne travaille et aucune possibilité de retour en arrière n’est possible devant la famille démunie qui ne connaît pas tous les rouages de l’éducation nationale.
Il atterrit donc à la rentrée en électro technique, démotivé, démissionnaire, révolté, en colère…

L’Ecole est impitoyable, pour avoir gain de cause, il faut se battre : les raisons ? manque de place, tri sélectif des élèves en fonction des résultats, méconnaissance des rouages par les familles et les professionnels aussi…

Le rôle de la famille

La pression familiale : peut être nocive car l’enfant devient une projection des parents….
L’absence de cadre familial : pas ou peu de limite, l’enfant n’a pas appris à avoir le goût de l’effort, toute puissance possible…

Les mécanismes de l’échec scolaire

Dès tout petit l’enfant ne comprend pas.
L’instituteur, souvent en surpopulation scolaire, n’a pas toujours le temps, ni l’envie de faire de la pédagogie différenciée. (adapter son enseignement en fonction du niveau des élèves).
L’enfant se sent exclu sur un plan cognitif : il sait qu’il sait moins, moins bien, et moins vite. La chute de l’estime de soi commence. Il commence un cultiver un sentiment d’échec.

Les réactions à l’adolescence : stratégies de l’échec : retrait, insolences avec l’adulte, transgressions, agressivité, violence.

L’adolescent est alors « orienté » vers les structures ad-hoc, (SEGPA, EREA, ITEP ou autre…).

Son échec est d’autant plu stigmatisé que l’organisme qui s’occupe de ça, s’appelle la MDPH : Maison Départementale Du Handicap !!!!

Bien sûr, la volonté de remédiation est là et le système imaginé l’est faute de mieux.
Pourquoi ne pas déléguer des professeurs particuliers au sein même des classes dès la maternelle ou le CP ? Les présenter comme une aide et non un handicap.

Quand un enfant ou un adolescent ne veut plus aller à l’école, ou a de très mauvais résultats on l’oriente toujours vers un psychologue ou un psychiatre. Ils ont inventé une nouvelle maladie : la phobie scolaire.

Ni l’école, ni les profs, ni les dirigeants, ni les parents ne se remettent en question : c’est l’adolescent qui a tort, forcément…

Les remédiations possibles 

Après 10 ans passés au fond de la classe à avoir eu des mauvaises notes et s’entendre dire qu’il est nul, mauvais, idiot même parfois il faut redonner de l’envie à l’adolescent, le goût de l’effort, aller chercher en lui ce qu’il y a de positif : la ténacité, la volonté de présenter un beau travail dans la forme à défaut du fond, établir un lien de confiance est le préalable.

Contourner toutes les stratégies de l’échec que les adolescents mettent en place : exemple d’Eddy, 16 ans, non lecteur :

Ne voulait pas lire les trois premiers mois de la rentrée, en disant que c’est nul. Il était en grande difficulté. Après avoir insisté comme il se doit, je lui ai donc dit qu’il n’y avait aucun problème : il était interdit de lecture. Je ne l’interrogerai jamais.
Les autres ados en difficulté progressaient. Un jour, il m’a demandé s’il pouvait essayer, j’ai dit non…il était très énervé, il a insisté, donc 15 mn plus tard je l’ai laissé lire, le valorisant, lui parlant vrai : tu lis très mal mais tu sais lire, c’est ici et maintenant et avec nous que tu pourras progresser. Je mime un non lecteur, puis je l’imite avec respect en lui offrant la possibilité de progresser.
Maintenant, Eddy est en 2e année de CAP.

Les clés : activer la valorisation, le goût de la réussite, bienveillant mais pas compatissant. Participer à leur restauration identitaire.

Conclusion

L’école peut être un formidable outil de transmission du savoir, d’épanouissement personnel, de réussite sociale et personnelle. Elle a été pensée comme telle.
Elle peut aussi être une formidable machine à broyer les enfants puis les adolescents qui ne sont pas dans son moule.

Tout d’abord, il est important de ne pas confondre « avoir de l’autorité » -une multiplication des interdits qui peut déboucher sur l’autoritarisme- et « faire autorité ».

L’autoritarisme, c’est l’adulte qui décide à la place de l’adolescent, et lui impose, de façon arbitraire, des rythmes, des apprentissages, des silences…. « Faire autorité » au contraire, c’est savoir dire « non » à bon escient, justifier un refus –par le dialogue- et donner des sanctions qui ont du sens, en un mot respecter l’adolescent. Cela n’est possible que si l’adulte a suffisamment confiance en lui, en ses convictions, en ses « valeurs ». S’il est persuadé que sa vie est « digne » de constituer des repères.

Nombre de mamans seules, par exemple, sont intimement convaincues que leur « histoire » ne mérite pas qu’on s’y attarde… et se laissent « dépasser » par leur enfant.

De son côté, l’adolescent se caractérise par son ambivalence. Il a besoin à la fois d’autorité –d’un cadre qui lui permettra de se responsabiliser progressivement- et de rejeter cette autorité, de provoquer : « j’ai les parents les plus nuls… mais qu’est-ce qu’ils m’aiment ! » Pour répondre à cette ambivalence, le parent doit accepter d’être parfois le « mauvais objet » (au risque de se voir renvoyer une image de « ringard » !) en restant très ferme sur ses positions.

L’essentiel ? Ne jamais laisser l’adolescent faire quelque chose qui le « dérange » profondément, bref afficher une « saine » rigidité, en conformité avec ses propres convictions… »