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LE MENSONGE CHEZ L'ADO

LE MENSONGE CHEZ L'ADO

Consult Educ' - Actualités - Jeudi 04 Août 2016

Le mensonge chez l'ado (ou l'enfant).

Pourquoi l’adolescent a-t-il une propension à mentir ?
 
Dès la petite enfance, il le sait : « mentir, c’est pas bien ».
Fort de ce constat, il manipule le mensonge comme un ami.
 
Pourquoi ?
 
L’adolescent ment car :
 
Il a peur de nos réactions.
Il a peur d’être puni
Il ne sait pas encore assumer ses actes.
 
Sur le plan éducatif, le mensonge est un outil intéressant.
Il permet d’établir un dialogue fondé sur la culpabilité de l’ado face à son mensonge.
Phase 1 : lui exposer la situation
Phase 2 : lui faire avouer
Phase 3 : sanctionner en précisant bien que c’est le mensonge qui est puni, pas la      faute génératrice de ce dernier.
Phase 4 : reprendre tout cela avec lui à la levée de la sanction et lui proposer une solution pour éviter de mentir à nouveau.
 
Là, un exemple me semble nécessaire.
 
Prenons un jeune garçon de 15 ans qui a de bons résultats scolaires, pas de problèmes particuliers avec ses parents, bien dans sa peau comme on dit…
 
Persuadé de devoir toujours paraître excellent et irréprochable, il se trouve qu’il a deux mots sur son cahier de correspondance pour bavardages et pour un devoir qu’il n’a pas rendu. Bien sûr,  à la demande parentale de présenter le carnet en question (suivi de routine), il affirme l’avoir perdu.
Le connaissant, vous êtes forcément suspicieux : comment se fait-il qu’il vous le présente spontanément quand il s’agit d’un prof absent, d’une bonne note ou d’une réunion d’information et qu’il ne sache plus où il est les autres fois, notamment celle ci ?
 
Phase 1 : lui poser cette question. La probabilité pour qu’il l’ai réellement perdu est assez faible.
Phase 2 : pour le faire avouer, c’est très simple.
Imaginons le dialogue type : « tu peux me montrer ton cahier de correspondance s’il te plait ?
heu, pourquoi ?
pour voir, comme ça, ta scolarité m’intéresse
heu (ils commencent souvent par heu, ou par quoi, surtout dans les moments de gêne…), je l’ai pas, je crois que je l’ai perdu.(Bien sûr vous décelez de suite de l’inquiétude dans son regard, dans sa gestuelle éventuellement ainsi que dans le ton de fausse surprise qu’il adopte).
c’est contrariant ça…dans le bus ? à l’école ? à la maison ? bien sûr, tu vas me répondre que si tu savais où tu l’as perdu il ne le serait pas, un peu de dérision ne fait pas de mal, le temps de le décontracter et qu’il se croit tiré d’affaire le temps d’une minute (il se relâche).Ce n’est pas grave, je vais téléphoner à ton professeur principal et à ton CPE demain. » 
Normalement, la stupeur se lit sur le visage de votre ado, il se sent coincé, acculé.
C’est à ce moment précis qu’il faut lui offrir une porte de sortie. Ne pas l’étouffer mais lui faire comprendre son erreur, telle est la démarche éducative.
 
Lui proposer une alternative : « écoute, je te propose de bien réfléchir. Je vais te poser une question, et j’aimerais la vérité : il y a t-il des choses écrites dessus que tu ne veux pas que je lise ? Je préférerais que la vérité sorte de ta bouche plutôt que de celle du prof principal…en plus je suis sûr que tu n’as rien fait de grave… ». Bref, c’est le moment de lui mettre la pression.
Et il avoue.
Rester calme et stoïque. Ne pas s’enflammer.
 
Phase 3 : maintenant que la lumière est faite, lui énoncer la sanction en lui précisant bien que vous punissez le mensonge. Libre à vous de le priver de telle ou telle chose qui lui tient à cœur. Ou bien de lui demander de vous présenter son carnet de correspondance midi et soir, à chaque fois qu’il rentre de l’école.
La sanction doit être juste, bien sûr, et proportionnée.
 
Phase 4 : après un certain temps, le lendemain par exemple, il faut reprendre ce qu’il s’est passé avec lui. Transformer ce qu’il espérait qui passerait inaperçu en un micro événement. Théâtraliser sans dramatiser, toujours en pleine maîtrise.
 
Lui faire reformuler est important afin qu’il intègre toutes les données du problème.
Ensuite, il faut à mon sens lui donner des solutions pour qu’il cesse de mentir.
 
D’abord lui expliquer, dans l’exemple cité, que s’il était venu en disant : « voilà, j’ai deux mots parce que j’ai parlé avec un copain en classe et un autre parce que je n’ai pas fait mes devoirs », non seulement l’image que vous auriez eu de lui aurait été magnifiée mais qu’en plus il s’en serait certainement tiré qu’avec une ou deux remontrances.
 
Lui faire admettre qu’il a menti parce qu’il n’a pas une entière confiance en vos réactions. Lui assurer qu’il le peut et qu’agir  de la sorte le dessert dans la mesure où la sanction aurait été moindre, voire nulle.
 
La solution ? Avoir le courage qu’il vienne de son propre chef.
Comment ? En lui promettant qu’il n’y aura pas de réelle sanction. (Et surtout, s’y tenir).
N’hésitez pas à lui rappeler ce deal de temps à autres et l’adage : « faute avouée à moitié pardonnée… ».